Sémiologie et propédeutique médicale bovines

Examen de la cavité thoracique et des poumons

Champ pulmonaire thoracique

  • Exploration des lobes diaphragmatiques et cardiaques; surface en forme de triangle :

    • Limite dorsale : bord latéral de la musculature du tronc (iliocostal), facilement repérable par palpation

    • Limite craniale : ligne joignant l'angle postero-superieur de l'omoplate et la partie inferieur de la masse des anconés. Elle est variable selon l'état de nutrition et de la musculature du patient.

    • Limite caudale :ligne partant de l'avant dernier (11e) espace intercostal à gauche (plus en avant à cause du rumen qui repousse un peu plus le rumen du côté gauche), ou de la 12e côte à droite, passant au milieu de la 9e côte et atteignant la limite antérieure à deux doigts au-dessus de l'articulation du coude.

Champ pulmonaire thoracique

Attention

Il existe chez les bovins un champ pulmonaire pré-scapulaire, situé en avant de la musculature de l'épaule et s'étend de l'articulation de l'épaule jusqu'à mi-hauteur du scapula. Sa largeur varie entre 2 à 5 doigts, selon l'état de nutrition et de la musculature du patient. Pour l'examen clinique, il n'a qu'un intérêt secondaire.

Inspection

L'inspection doit se porter sur les éléments suivants : fréquence, amplitude, type et rythme respiratoire (voir examen à distance).

Percussion et sonorité

Technique

Elle s'effectue de différentes techniques :

  • Au marteau à percussion et à la cuvette plessimétrique :

    • L'instrument étant tenu souplement entre le pouce et l'index et le plessimétre étant fortement serrée et appuyée à plat, si possible dans les espaces intercostaux.

    • Les coups secs sont donnés par le seul mouvement de l'articulation de la main ou du coude.

  • A main nue : poing fermé (articulations phalangiennes) entre les cotes. Cette technique est moins précise.

Figure 2. Zones de percussion(http://theses.vet-alfort.fr/Th_multimedia/prope-bovine/apprespi/img/PercussPulmomini.png)
Percussion du champ pulmonaire thoracique par le poing
Percussion du champ pulmonaire thoracique à l'aide d'un marteau
Percussion horizontale (ligne 1 à 6)

Vérifier la position de la limite caudale des poumons :

  • Élargissement du champ pulmonaire vers l'arrière en cas d'emphysème pulmonaire ou de pneumothorax.

  • Rétrécissement du champ pulmonaire provoqué par la surcharge de la panse, hypertrophie du foie, déplacement de la caillette à droite, ascite, hydramnios, parfois par l'utérus en fin de gestation.

Percussion verticale (ligne 7 à 12)

De haut en bas, d'avant en arrière, si possible dans les espaces intercostaux.

  • Elle permet de rechercher plus spécialement les modifications du son.

Résultat

Sonorité
Tableau 2. Différents sons issus de la percussion du champ pulmonaire

Sonorité

Caractéristique

Interprétation

Son tympanique

Retentissant comme un tambour

Voisinage de viscères distendues par des gaz.

Son sub-tympanique

Son clair retentissant

Emphysème pulmonaire.

Son plein

Non retentissant avec bonne résonance

Tissus pulmonaire rempli d’air.

Son étouffé

Moins résonant que poumon normal

Poumon contenant moins d’air.

Son sub-mat

Ressemble au son de percussion de muscle avec légère résonance

Poumon presque vide d’air et rempli d’exsudat.

Son mat

Absence total de résonance

Poumon dépourvue d'air et complétement rempli d'exsudat.

Sensibilité
  • On utilise un marteau lourd en caoutchouc, selon la méthode indiquée pour la recherche de la douleur provoquée par un corps étranger.

  • On peut observer une sensibilité douloureuse localisée à l'intérieur du champ pulmonaire (gémissements, écarts, gestes de défense) = une pleurésie grave ou emphysème pulmonaire aigu.

  • Dans les deux cas, la forte percussion de la paroi thoracique déclenche assez souvent une quinte de toux.

  • En revanche, dans les broncho-pneumonies, les bovins sont moins sensibles à la percussion.

Percussion douloureuse

Auscultation

Technique

  • L'auscultation se pratique se pratique en observant les mouvements respiratoires,

  • Parcourir la totalité du champ pulmonaire thoracique des 2 cotés :

    • En commençant par la région dorso-craniale et en déplaçant à déplaçant à chaque fois le stéthoscope de 2 à 3 doigts vers l'arrière,

    • Progresser alors, par bandes horizontales vers le bas,

    • Il faut ausculter chaque point pendant 1 à 2 cycles respiratoires.

Auscultation des poumons
Conseil

Pour préciser d'éventuels bruits respiratoires pathologiques utiliser l'épreuve du sac en caoutchouc sur le nez et la bouche, jusqu'à l'apparition d'une intense agitation ou on obstrue les naseaux aussi longtemps que nécessaire avec une serviette mouillée (contre indiquée si signe d'emphysème pulmonaire à la percussion).

Attention

Après le blocage de la respiration il faut s'intéresser particulièrement aux :

  • Nombre des quintes de la toux avec leurs caractéristiques,

  • Renforcement des bruits respiratoires normaux,

  • Apparition des bruits respiratoires pathologiques,

  • Durée nécessaire pour le retour à la normale.

Bruits respiratoires normaux

Tableau 3. Les bruits normaux des poumons

Bruits respiratoires normaux

Localisation

Caractéristiques

Murmure vésiculaire

Dans le champ préscapulaire et dans l'angle dorso-caudal du champ thoracique,

  • A l'inspiration (sonne comme un « f » aspiré) ;

  • Il correspond au déplissement des alvéoles et aux divisions de l'air bronchique sur les éperons de l'arbre alvéolaire.

Bruit mixte laryngo-trachéo-bronchique

dans le reste du champ

pulmonaire thoracique

  • Surtout à l'expiration (sonne comme un « ch » expiré),

  • Il correspond aux tourbillons d'air aux passages étroits naturels

  • C'est un bruit de sténose provenant du larynx, de la trachée et des bronches

Figure 3. Répartition des bruits respiratoires normaux (http://theses.vet-alfort.fr/Th_multimedia/prope-bovine/apprespi/img/AusculPulm.png).

Bruits respiratoires pathologiques

Tableau 4. Bruits pathologiques des poumons

Bruits pathologiques

Caractéristiques

Origines

Râles secs ou râles sifflants

  • Sons continus sifflants.

  • Lors de la diminution du diamètre des bronches ou lors du broncho-spasme, la fréquence sonore augmente et les râles deviennent "sibilants"

  • Bronchite aiguë.

  • Boncho-pneumonie aigue.

  • Bronchiolite.

  • Obstruction.

  • Sténose.

Râles humides ou râles ronflants

  • Sons discontinus, +/- explosifs.

  • Ressemblants à un bouillonnement (identique aux bruits émis lorsque l'on souffle dans une paille plongée dans l'eau) ou à un éclatement de bulles (eau gazeuse).

  • Plutôt inspiratoires.

  • Peuvent être déplacés, annulés ou modifiés par la toux.

  • Deux types des râles ronflants :

    • Râles à grosses bulles (grosses bronches).

    • Râles à petites bulles (petites bronches).

  • Dus à la présence des sécrétions, parasites ou d'exsudats, lors :

    • Bronchite vermineuse (Dictyocaulose).

    • Broncho -pneumonie catarrhale.

Craquements

  • Sons discontinus, de haute fréquence, brefs, explosifs.

  • Plutôt en fin d'inspiration.

  • On les compare à un bruits de sels émis dans l'huile chaude.

  • Destruction alvéolaire isolée et irrégulière.

  • Broncho-pneumonie suppurée ou fibrino-nécrotique.

Crépitations

  • Sons secs, discontinus.

  • Apparaissent en fin de l'inspiration.

  • On les compare à du sel dans le feu.

  • Déchirure des parois alvéolaires, lors d'emphysème.

Frottements

  • Quand les 2 feuillets frottent l'un contre l'autre.

  • Correspondent au stade congestif des pleurésies, avant la phase exsudative,

  • Soit lors de la phase d'adhérence.

  • Correspondent par fois, à un emphysème pulmonaire qui a entraîne une très forte augmentation du volume pulmonaire.

Silence

  • Correspondent, soit à une densification du tissu pulmonaire, à la destruction des voies aérophores ou à l'interposition de liquide ou de gaz entre la plèvre et la paroi thoracique.

  • En périphérie de la zone de silence, les remaniements entraînent des bruits surajoutés.

  • Pleurésie excudative.

  • Pneumothorax.

  • Pneumonie interstitielle.

  • Gros abcès.

Rales sifflants[Zoom...]
Rales ronflants[Zoom...]
Craquements[Zoom...]
Crépitations[Zoom...]
Frottements[Zoom...]
Silence[Zoom...]
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