Rumen

Zone d'exploration : au stade normal de réplétion, le rumen occupe pratiquement toute la moitié gauche de l'abdomen, du diaphragme à l'entrée du bassin et de la région sous-lombaire à la paroi ventrale, donc en arrière de la projection des poumons et en particulier au niveau du flanc gauche.

Vue latérale gauche des estomacs (d'après "L'Examen clinique des bovins", Rosenberger, 1979)

Vue latérale droite des estomacs (d'après "L'Examen clinique des bovins", Rosenberger, 1979)

Coupe horizontale théorique des estomacs (d'après "L'Examen clinique des bovins", Rosenberger, 1979)

A. Inspection

Il faut observer le flanc gauche de 3/4 arrière ou 3/4 avant (creux, corde et fuyant). L’examen doit être symétrique pour apprécier les modifications même discrètes.

Lors de l’inspection il faut noter :

l'aspect et la mobilité du creux du flanc correspondant aux contractions du sac dorsal

la fréquence et l'intensité des contractions
- 8 à 10 contractions en dix minutes pendant le repas
- raréfaction des contractions lors indigestion chronique

B. Palpation

Elle peut se réaliser avec la main à plat, le poing ou le genou, elle permet d’apprécier :

la vacuité ou la réplétion du rumen

la consistance du contenu est stratifiée:
- élastique dorsalement gaz
- pâteux au milieu grosses particules
- fluctuant ventralement liquide

la motilité du rumen :
- creux du flanc pour le sac dorsal
- fuyant du flanc pour le sac ventral
la sensibilité : douleur en cas de ruménite

C. Pression

Elle peut se réaliser avec le poing, l'extrémité des doigts ou le genou, sur toute la hauteur du flanc. En temps normal, la pression ne déclenche pas de sensibilité.

Si la consistance est très élastique météorisation, le contenu est gazeux

Si la consistance est pâteuse indigestion chronique

D. Percussion

Elle se réalise avec le poing ou le marteau et la cuvette plessimétrique.

Le son est tympanique en région supérieure (creux du flanc), il s'assourdit à mesure que l'on descend : subtympanique, submat, à mat.

E. Succussion

La succussion peut être réalisée de deux manières.

Un aide placé à gauche percute ; le clinicien, la main posée à plat sur le fuyant du flanc droit, recherche les ondes provoquées par cette percussion quand le contenu est très liquide.

Plus fréquemment, la succussion est réalisée par le praticien seul par des mouvements énergiques dans le flanc.

F. Auscultation

Elle est réalisée à l’aide d’un stéthoscope ; le dos est tourné vers la queue de l’animal et la main gauche est placée sur les lombes.

Bruit de déglutition : audible au niveau du 10ème espace intercostal, il varie suivant la nature du bol alimentaire qui descend
- Bol solide bruit "bulleux"
- Bol liquide bruit de "cascade"
Bruit de rumination : produit par le bol mérycique, au niveau du 10ème espace intercostal aussi ; le bruit ressemble à un fort "glouglou" puis un roulement sourd

Bruit de contraction du rumen : il s’entend dans le creux du flanc, bruit de cascade qui se rapproche et s'éloigne ensuite

Bruits de crépitation : ils font penser à un moût en fermentation et correspondent aux bulles de gaz crevant à la surface du contenu ruminal.

Auscultation digestive(1min26')

G. Examens complémentaires

Prélèvement de jus de rumen :
- avec une sonde oesophagienne et une pompe à vide, mais prélèvement simultané de salive à grand pouvoir tampon
- par ponction en avant du pli de grasset : entre les deux dernières côtes ou juste derrière la dernière côte, avec une aiguille telle qu’une aiguille à ponction lombaire, mais il existe un risque de déclenchement de péritonite
Le prélèvement de jus de rumen est intéressant pour différencier un déplacement de la caillette ; le pH est alors inférieur à 4, d’une acidose du rumen ; le pH est de l'ordre de 5.

Ponction du rumen : elle se réalise avec un trocard dans la partie centrale du creux du flanc ; après rasage et désinfection locale, il faut inciser au bistouri et ponctionner avec le trocard dirigé vers le coude opposé (droit). La ponction permet de dégonfler le rumen en cas de météorisation.

Mise en place d'un trocard chez une génisse présentant un syndrome d'Hoflund
- dégonflement complet quand il existe une météorisation pure avec reprise de la motricité (par ex.: obstruction de l'œsophage)
- dégonflement incomplet :
- quand il y a une atonie du rumen (par ex. : lors d'anesthésie, de toxiinfection comme le botulisme)
- quand il y a une météorisation spumeuse, le traitement consiste alors en une gastrotomie et l’administration d'agents anti-mousse
Exploration trans-rectale : permet de palper la zone dorasle du rumen et de préciser le contenu (pâteux, liquide) ainsi que l'état de réplétion